La criminologie évolutionniste est une discipline qui applique les principes de la psychologie évolutionniste à la compréhension de la criminalité. Elle offre une nouvelle perspective sur le comportement antisocial, suggérant que certains actes criminels peuvent être considérés comme des stratégies sociales adaptatives pour la survie et la reproduction. Joseph L. Nedelec et Francesco DiRienzo ont testé les prédictions de la taxonomie développementale de Terrie Moffitt à travers le prisme de la théorie de l'histoire de vie. Cet article résume leur étude, qui visait à déterminer si les mesures de l'histoire de vie pouvaient prédire la classification dans les groupes de délinquance identifiés par Moffitt.
La criminologie s'enrichit d'approches issues de diverses disciplines, dont la biologie évolutive, qui a conduit à l'émergence de la criminologie évolutive. Cette dernière part du principe que la criminalité peut être considérée comme une stratégie comportementale évolutive, une réponse potentielle à des problèmes d'adaptation.
La théorie développementale de Moffitt distingue deux formes principales de délinquance : "la délinquance limitée à l'adolescence (AL) et la délinquance persistante tout au long de la vie (LCP). Les délinquants AL ne présentent un comportement antisocial qu'à l'adolescence, tandis que les délinquants LCP commencent tôt et continuent à l'âge adulte.
Nedelec et DiRienzo ont émis l'hypothèse que les traits associés à un plus grand effort somatique (santé et bien-être) et à un environnement de développement stable seraient prédictifs d'une moindre délinquance, et que les traits associés à un plus grand effort reproductif (recherche d'un partenaire et reproduction) seraient associés à une plus grande délinquance.
En utilisant les données de l'étude longitudinale nationale sur la santé des adolescents et des adultes (12 012 participants), ils ont classé les individus en groupes en fonction de leur comportement délinquant à différents stades de leur vie. Les mesures de l'histoire de la vie recueillies ont été divisées en trois catégories : l'effort somatique, l'effort de reproduction et les indices de l'environnement de développement.
Les résultats ont révélé que l'effort somatique (mesures de la santé physique et mentale) permettait de prédire l'appartenance à des groupes moins délinquants, tandis que les mesures de l'environnement de développement (niveau de dureté et d'imprévisibilité de l'environnement) étaient des prédicteurs significatifs pour tous les groupes délinquants, à l'exception des délinquants abstinents. Cependant, les mesures de l'effort de reproduction n'étaient pas significativement liées à l'appartenance à un groupe.
L'étude a conclu que, tout en soutenant partiellement la taxonomie évolutionniste, elle comportait d'importantes limitations. Les mesures de l'histoire de la vie ne sont pas toujours aussi prédictives que le suggère la taxonomie. Le lien entre l'effort de reproduction et le comportement délinquant n'a pas été trouvé, ce qui indique que la complexité du comportement antisocial nécessite une compréhension plus nuancée.
Les auteurs notent que les limites de l'étude doivent être prises en compte, comme les mesures indirectes de l'histoire de vie et l'absence d'une méthodologie génétique. Ils appellent à la poursuite des recherches en utilisant des données variées et des méthodes fondées sur la génétique pour mieux comprendre le lien entre l'histoire de vie et la criminalité.
L'article propose qu'une meilleure intégration de la criminologie évolutionniste puisse faire progresser la criminologie traditionnelle. Cette recherche introductive valide en partie la taxonomie évolutionniste et indique des directions pour les recherches futures afin d'affiner et d'étendre notre compréhension du comportement antisocial à travers le prisme de l'évolution.