La vie est parsemée de défis et d'obstacles qui peuvent nous faire vaciller. Chacun réagit différemment face à l'adversité. Certains se relèvent et rebondissent, faisant preuve de résilience. D'autres peinent à surmonter ces épreuves. La psychanalyse apporte un éclairage intéressant pour comprendre les ressorts de la résilience et la cultiver.
La résilience désigne la capacité à faire face avec succès à des situations difficiles comme un traumatisme, un deuil, une maladie. C'est rebondir malgré un stress important. Les personnes résilientes parviennent à maintenir un équilibre psychologique stable sans sombrer dans des troubles mentaux.
Selon la théorie psychanalytique, plusieurs facteurs dans l'enfance contribuent à construire la résilience. La qualité des relations précoces, en particulier le lien d'attachement sécurisant à la mère, jette les bases d'un sentiment de sécurité intérieure. L'enfant acquiert la conviction profonde de pouvoir compter sur l'autre en cas de besoin.
Les expériences de vie et la personnalité jouent aussi un rôle. Avoir surmonté avec succès des épreuves par le passé renforce le sentiment d'efficacité personnelle. Certains traits de caractère comme l'optimisme, la confiance en soi et la capacité à exprimer ses émotions favorisent la résilience.
Pour Freud, fondateur de la psychanalyse, le Moi est l'instance psychique qui régule les pulsions et s'adapte à la réalité. Un Moi fort, capable de faire face au principe de réalité, serait un facteur de résilience. Il permettrait de tolérer la frustration et de mobiliser des mécanismes de défense matures comme l'humour ou la sublimation.
Plus récemment, Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et éthologue français, a beaucoup travaillé sur le concept de résilience. Il la définit comme la capacité à réussir à vivre et à se développer de manière acceptable en dépit du stress ou d'une adversité. Il insiste sur l'importance de "tuteurs de résilience", des personnes ressources qui aident l'individu blessé à se reconstruire en lui apportant affection et soutien.
Cyrulnik souligne que la résilience n'est pas innée mais se construit. Tout le monde peut donc développer cette capacité à rebondir. Cela passe par un travail sur soi, en particulier sur son histoire personnelle et familiale. Comprendre son parcours, mettre des mots sur ses blessures permet de ne plus les subir et de devenir acteur de sa vie.
Cultiver des relations positives est essentiel. S'entourer de personnes bienveillantes sur lesquelles on peut compter est une grande force. Appartenir à un groupe, une communauté renforce le sentiment de sécurité et d'identité. Cela évite de se sentir seul face aux tempêtes de la vie.
Développer la confiance et l'estime de soi contribue aussi à la résilience. Miser sur ses ressources et ses compétences plutôt que ruminer ses failles. Oser se lancer des défis et se féliciter de chaque réussite. Accepter ses limites avec bienveillance.
Trouver du sens est primordial pour rebondir. Transformer l'épreuve en quelque chose de constructif, au service d'un projet qui nous tient à cœur. Cela peut être s'engager pour une cause, créer, transmettre son expérience pour aider d'autres.
Enfin, la créativité et l'imagination sont de précieux alliés. Elles élargissent le champ des possibles et aident à trouver des solutions innovantes. L'art, l'écriture ou toute autre forme d'expression permettent d'extérioriser les émotions difficiles et de les transformer.
La résilience est donc un processus qui se construit tout au long de la vie. La psychanalyse nous éclaire sur ses déterminants et nous donne des pistes pour la cultiver. Miser sur la qualité de nos liens, donner du sens à notre histoire, développer la confiance en soi et en la vie sont autant de clés pour faire face aux défis du quotidien.