Introduction
L’union d’Emmanuel et Brigitte Macron défie les normes sociales par son caractère transgénérationnel, suscitant fascination et interrogation. À travers le prisme lacanien, cette relation incarne une dialectique complexe entre désir, manque et fantasme. En analysant leur histoire comme un « symptôme » structuré par l’inconscient, nous explorerons comment la psychanalyse éclaire l’énigme d’un amour qui, selon les mots de Lacan, « consiste à donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas ».
L’amour transgénérationnel : un don lacanien
La différence d’âge de 24 ans entre les époux Macron cristallise un tabou social, révélateur de notre rapport au temps et au désir. Lacan définit l’amour comme un « don de ce qu’on n’a pas » – un acte symbolique où chacun projette sur l’autre un objet imaginaire comblant son propre manque. Brigitte incarnerait pour Emmanuel cette chose manquante : une figure hors-du-temps, à la fois muse et miroir d’un idéal inaccessible.
Leur rencontre, alors qu’il était son élève de 15 ans, s’apparente à une scène primitive inversée : la professeure de théâtre devient l’objet d’un désir transgressif, transformant la salle de classe en espace transitionnel où se joue un transfert fondateur. Lacan y verrait une métaphore du sujet divisé cherchant sa complétude dans l’Autre.
Brigitte Macron : du transfert maternel à l’objet petit a
La relation initiale pédagogique suggère une dimension œdipienne sublimée. Brigitte occupe d’abord une position maternelle symbolique : guide, protectrice, initiatrice au monde adulte. Mais selon Lacan, « la mère n’est pas un objet de désir, mais le premier désirant ». En quittant son rôle d’enseignante pour devenir épouse, elle bascule de l’ordre imaginaire (la mère idéalisée) au réel (la femme désirante), incarnant l’objet a – ce reste énigmatique qui cause le désir sans jamais se laisser saisir.
Son renoncement à une maternité biologique renforce cette fonction d’objet lacanien : elle devient le vide structurant autour duquel s’organise la trajectoire politique d’Emmanuel, comme si son absence d’enfant actualisait symboliquement le manque originaire moteur de toute quête.
La dialectique du désir : entre présence et absence
Leur mariage fonctionne comme une machine désirante selon Deleuze, mais relue par Lacan. Les apparitions publiques de Brigitte oscillent entre hyper-visibilité (discours, gestuelle théâtrale) et retrait stratégique, reproduisant la pulsation présence/absence qui maintient le désir en éveil. Lacan souligne que « le désir naît de l’écart entre besoin et demande » – en se rendant indispensable sans jamais être totalement possédée, elle perpétue la dynamique du manque.
Leur langage corporel (regards appuyés, distance physique calculée) mime la structure du fantasme : une mise en scène permanente où chacun joue à la fois le rôle du sujet désirant et de l’objet inaccessible. Cette théâtralité rappelle que, pour Lacan, « l’amour est un signifiant qui se soutient de son propre échec ».
L’énigme comme fondation politique
Leur relation dépasse la sphère privée pour structurer une mythologie présidentielle. En faisant de leur amour un récit national, Emmanuel Macron transforme Brigitte en objet fétiche au sens freudien : un écran où se projettent les fantasmes collectifs. Son statut de Première Dame sans titre officiel en fait une présence fantomatique dans l’appareil d’État – rappelant l’objet a comme trou dans le symbolique.
Cette configuration répond à une société postmoderne en crise des grands récits : le couple présidentiel incarne un mythe individualiste où le désir privé devient performatif publiquement. Mais comme le note Lacan, « aucun rapport sexuel n’est possible » – l’impossible réalisation du désir garantit sa perpétuation comme moteur subjectif et politique.
Conclusion
Le « cas Macron » illustre la pertinence de la psychanalyse pour décrypter les liens entre intimité et pouvoir. En transposant leur dialectique désirante à l’échelle d’une nation, ils actualisent la formule lacanienne : « L’amour, c’est ce qui permet à la jouissance de renoncer au désir ». Leur histoire ne résout pas l’énigme du désir – elle en démontre la puissance structurante, à la fois fragile et indépassable.