L'étude menée par Dagmar Schwambergová et al. explore la façon dont l'activation du système immunitaire - par la vaccination contre l'hépatite A/B et la méningite - affecte la perception de l'odeur corporelle ainsi que de l'attractivité faciale et vocale chez l'homme. L'hypothèse de départ repose sur le fait que différentes modalités perceptives comme l'olfaction, la vision et l'audition fournissent des indices sur l'état de santé d'un individu, ce qui peut affecter le comportement social et les choix de partenaires.
L'étude a été menée sur un échantillon de 21 hommes tchèques en bonne santé, non-fumeurs, âgés de 18 à 40 ans. Les données concernant l'odeur corporelle, les photographies faciales et les enregistrements vocaux ont été collectées avant et 14 jours après la vaccination, période correspondant au pic de réponse immunitaire. Pour évaluer l'attractivité et la santé perçues par les modalités en question, les échantillons d'odeur corporelle, les photographies et les enregistrements vocaux ont été évalués par des femmes tchèques.
Les résultats montrent une augmentation de l'attractivité de l'odeur corporelle après vaccination et une diminution de l'attractivité faciale et de la santé perçue, tandis que l'attractivité vocale n'a pas changé de manière significative. Surprenant, les résultats pour l'odeur corporelle vont à l'encontre de l'hypothèse initiale, suggérant que la vaccination entraîne une immunoactivation qui pourrait temporairement rendre l'odeur corporelle plus attrayante, ce qui pourrait signaler une capacité à surmonter une infection.
Les colorations de la peau et les paramètres vocaux, mesurés respectivement à l'aide de photographies et de différentes mesures acoustiques, ne montrent pas de variation significative après la vaccination. Cela signifie que les changements perçus dans l'attractivité faciale ne peuvent pas être attribués uniquement à ces caractéristiques.
Un aspect intéressant de cette étude est le lien entre les niveaux de protéine C-réactive (CRP) pré-vaccination et l'attractivité perçue dans les odeurs et les visages. La CRP est un marqueur de l'inflammation et ses niveaux pré-vaccination étaient négativement associés à l'attractivité de l'odeur corporelle et du visage, suggérant que même de faibles niveaux de CRP peuvent influencer la perception de la santé.
Les auteurs de l'étude soulignent l'importance des mécanismes de l'évitement en tant que système immunitaire comportemental. Cela implique que la capacité à percevoir de subtiles indices de santé à travers différents sens peut jouer un rôle dans la sélection des partenaires et des interactions sociales pour réduire les risques de contagion.
L'étude a cependant certaines limitations, notamment la petite taille de l'échantillon des participants, le manque de groupe témoin et la collecte de données uniquement 14 jours après la vaccination, ce qui pourrait ne pas capturer les changements immédiats dans les perceptions.
En conclusion, cette étude met en lumière la complexité et la subtilité de la communication interindividuelle liée à l'état de santé, en mettant en évidence comment les différents sens sont en mesure de percevoir et traiter des indices de l'activation du système immunitaire. Ces découvertes peuvent contribuer à une meilleure compréhension de la sélection des partenaires et des comportements sociaux en fonction de l'état de santé d'un individu.
Source : Immunoactivation Affects Perceived Body Odor and Facial but Not Vocal Attractiveness